Réorientation de Ma Prime Rénov’

2024 pourrait marquer un tournant

Le 12 octobre, les ministères de la Transition Écologique, de la Transition Énergétique et du Logement ont présenté conjointement les nouvelles dispositions relatives à MaPrimeRénov’ pour l’année à venir.

La rénovation globale, dont le Mur Manteau souligne de longue date l’importance, bénéficie d’un recentrage significatif – avec une contrainte qui reste cependant modeste. À compter du 1er janvier 2024, le qualificatif ‘global’ exigera la réalisation d’au moins deux opérations et le traitement de la ventilation : un bouquet de travaux plutôt étiolé dans l’absolu, même si le concept marque un progrès. D’autant qu’en parallèle, le geste unique continuera d’être éligible, sous diverses conditions, s’il concerne le passage à un chauffage ‘décarboné’. La réorientation prévue comporte aussi un risque, puisque jusqu’ici, le succès de MaPrimeRénov’ étail lié à des opérations pour l’essentiel ‘monogestes’ souvent peu ambitieuses et donc plus accessibles – isolation des combles ou du sous-sol, remplacement des ouvrants…

L’objectif déclaré est à présent d’éliminer les passoires thermiques les plus déperditives, celles dont le DPE correspond aux classes F et G. Globalement cet objectif, même s’il est atteint, aura néanmoins une portée limitée : le gouvernement vise 200 000 logements en 2024, soit 4,4 % des 4,5 millions de logements qualifiés officiellement de ‘passoires thermiques’. Cela d’autant plus que les nouvelles dispositions pourront s’appliquer également aux logements classés D et E. À ce rythme, en tout cas, la neutralité carbone du parc immobilier à l’horizon 2050 reste a priori du domaine de l’utopie – en dépit d’un budget 2024 qualifié « d’historique » par les ministères concernés.

Un second critère d’éligibilité a été défini : il faudra gagner au moins deux classes de DPE à l’issue des travaux. Pour des rénovations ‘haute performance’ permettant de gagner quatre classes de DPE et réalisées par des ménages aux revenus modestes, l’aide pourra atteindre jusqu’à 70 000 euros et couvrir jusqu’à 90 % du coût des travaux. Le gouvernement indique que le PTZ permettra de couvrir le montant restant et que son remboursement sera plus que compensé par les économies réalisées. Cela étant, les ménages aux revenus les plus modestes – qui sont souvent les plus vulnérables et les plus mal lotis – pourront-ils souscrire à de tels prêts ? Le doute est permis…

Les nouvelles dispositions prévoient également d’instaurer un guichet unique : toutes les demandes seront centralisées par l’ANAH. La finalité : freiner l’écodélinquance – fondée sur des prestations factices ou surévaluées – qui affecte de façon significative les opérations de rénovation globale.

Une autre nouveauté : la prise en compte du confort d’été. Diverses opérations visant à réduire l’impact des fortes chaleurs au sein du volume habitable sont désormais éligibles à MaPrimeRénov’.

Enfin, les copropriétés peuvent également bénéficier de MaPrimeRénov’ sous certaines conditions – notamment de performance énergétique des travaux prévus (gain d’au moins 35 %), et de proportion des logements considérés comme résidence principale des occupants (75 % mini).

Share by: