Entre passoire et bouilloire thermique : la Fondation Abbé Pierre prend position sur l’inconfort d’été

L’objectif : donner l’alerte sur le problème de l’inconfort d’été

Le 26 juin 2023, la Foundation Abbé Pierre a publié un communiqué de presse consacré au problème de l’inconfort auquel sont confrontés des centaines de milliers de ménages français. Ils sont pour l’essentiel logés dans les passoires thermiques construites hâtivement durant les années 60 et 70 du siècle dernier. La Fondation a publié un nouveau rapport qui fait un constat accablant sur la situation de tous ceux que les pics de chaleur – de plus en plus nombreux – confrontent à une atmosphère étouffante au sein du volume habitable. Cette situation ne rend que plus impérieuse et plus urgente la nécessité de passer à l’action – et de massifier enfin les réhabilitations énergétiques.


Or on sait que l’ITE, au-delà du confort qu’elle procure durant la saison froide, est également très efficace pour protéger les habitations en période de canicule – même si le rapport ne souligne pas suffisamment cet aspect et son potentiel à pallier les problèmes structurels du bâti.

 

La hausse des températures expose de plus en plus de personnes à une nouvelle forme de mal-logement : la précarité énergétique d’été.  En 2022, près de 60 % des ménages ont souffert de la chaleur dans leur logement. 


Les catégories les plus vulnérables sont les personnes âgées de santé fragile, les jeunes enfants et les habitants des quartiers dits ‘défavorisés’ – où sont concentrées les passoires thermiques de triste réputation qui abondent encore à la périphérie de toutes les villes françaises. Selon les estimations actuelles, elles représentent 5,2 millions de logements ! « Vivre dans de telles conditions, ce n’est plus seulement une question de ‘confort d’été’, mais d’habitabilité même de nos logements plusieurs mois par an », déclarait Christophe Robert de la Fondation Abbé Pierre. 


Les conséquences sont, comme pour la précarité énergétique en hiver, d’ordre sanitaire, social, économique et environnemental. Les efforts liés au refroidissement à l’aide de douches ou d’appareils divers (souvent peu efficaces), peuvent engendrer des factures élevées d’eau et d’énergie. Les fortes températures dans le logement affectent aussi le sommeil des occupants, favorisant le développement ou l’aggravation de pathologies diverses. Des études ont démontré que les vagues de chaleur sont d’abord fatales pour les populations précaires urbaines, du fait de leurs conditions de vie et de logement. Pendant la canicule de 2003, le fait d’habiter dans un quartier constitué d’HLM multipliait ainsi le risque de décès par deux. À Aubervilliers, par exemple, où 44 % de la population vit en-deçà du seuil de pauvreté et où la commune compte beaucoup de passoires thermiques, les habitants sont particulièrement vulnérables aux vagues de chaleur. Lors de la ‘super-canicule’ de 2003, la surmortalité en Seine-Saint-Denis avait été de 160 %.


Or, si la la RE2020 a pour objectif explicite – dans la construction neuve – de « permettre aux occupants de vivre dans un lieu de vie et de travail adapté aux conditions climatiques futures en poursuivant l’objectif de confort en été », la notion de confort d’été et de protection solaire n’apparaît pas dans la définition d’une rénovation énergétique performante et globale, introduite dans la loi Climat et Résilience ! On le voit, il reste encorre énormément de chemin à faire – et la France prend du retard par rapport à des pays limitrophes, comme notamment la Belgique, l’Allemagne et l’Italie.

TÉLÉCHARGER LA BROCHURE 2023 SUR LA PRECARITÉ ÉNERGETIQUE D’ÉTÉ
Share by: