Le Blog du Mur Manteau

par Groupement du Mur Manteau 27 mars 2025
Le 25 février 2025, La Commission européenne a annoncé le lancement d’un Plan d’Action destiné à abaisser, au bénéfice des entreprises et des particuliers de l’Union Européenne, les coûts structurels de l’énergie. Le plan se concentre sur quatre mesures orientées vers un effet positif à relativement court terme : Baisse des prix de l’énergie Finalisation de l’Union Énergétique Stimulation des investissements par le jeu de mesures incitatives Meilleure préparation aux crises énergétiques potentielles à venir. L’objectif global : économiser annuellement 260 milliards d’euros d’ici 2040. L’une des compsantes essentielles de ces initiatives est le Pacte pour une Industrie propre (Clean Energy Deal) https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_25_550 . En 2025, l’objectif est d’économiser 45 milliards d’euros – un premier pas vers l’objectif à terme mentionné plus haut. Le Plan d’Action se veut une ouverture vers une intégration croissante dans le cadre de l’Union Énergétique, en facilitant la transition vers les sources d’énergie renouvelables, les économies d’énergie, et une intégration accrue des marchés et des infrastructures – tout particulièrement au niveau des résaux électriques nationaux, dans le droit fil du plan de restructuration des réseaux https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_22_3131 Le Plan d’Action prévoit notamment d’accélerer les possibilités d’investir dans les énergies ‘propres’ et d’accroître la transparence du marché du gaz. À cela s’ajoute l’accélération annoncée des délais d’autorisation en matière de restructuration et d’extension des infrastructures et d’accès aux énergies renouvelables. L’un des axes prioritaires est la régulation et la restructuration du marché européen du gaz – une énergie dont le prix actuellement excessif pénalise les entreprises et les ménages. Un accent spécifique sera mis sur l’accès au gaz naturel liquéfié et la possibilité de féderer les achats au niveau européen pour mieux négocier les coûts d’achat. Mais c’est une décarbonation systématique de l’énergie qui est, à terme, la voie la plus prometteuse. Elle permettra notamment un découplage bien meilleur de la volatilité des marchés, qui laisse l’Union Européenne très exposée aux effets des évolutions économiques et géopolitiques. Le dernier volet de la démarche est la prévention des risques de crise – y compris dues à la cybercriminalité, au chantage géopolitique voire aux actions de sabotage à grande échelle.
par Groupement du Mur Manteau 3 mars 2025
Les incertitudes sur l’implication du gouvernement dans le dispositif MaPrimeRénov’ ont généré ces derniers mois une insécurité croissante – au niveau des acteurs de la profession comme des ménages potentiels bénéficiaires des aides disponibles. La commission mixte paritaire, qui s’est tenue le 30 janvier 2025, a proposé de réduire la baisse des crédits alloués de 560 à 460 millions d’euros, ‘sauvant’ ainsi 100 millions d’euros. Mais en ce début du mois de février, entre des ‘ajustements’ éventuels annoncés par le gouvernement et l’examen prévu à l’Assemblée Nationale, le résultat final reste incertain. À cela s’ajoute le risque d’une motion de censure si le Premier ministre décidait de recourir à l’article 49.3. Pour l’heure, la situation reste pour le moins incertaine. Elle inhibe la propension des ménages à engager des travaux, affecte les artisans en réduisant leurs carnets de commandes, compromet le développement durable, et déstabilise la filière toute entière de l’isolation thermique. De plus, les objectifs climatiques et de neutralité carbone se trouveront affectés à plus long terme. La profession dénonce et déplore par conséquent des retombées très négatives. Elles ont de surcroît le potentiel à déclencher un cercle vicieux : la sous-mobilisation du dispositif MaPrimeRénov’, due aux hésitations des ménages, pourrait justifier en 2026 une nouvelle baisse de l’enveloppe budgétaire. Or elle ne serait pas justifiée par le manque d’intérêt des bénéficiaires éligibles aux aides, mais par leur appréhension – bien compréhensible – à engager des travaux conséquents dans un climat incertain. Les huit signataires de la lettre ouverte au gouvernement et aux parlementaires appellent également les pouvoirs publics à engager une vaste campagne de communication. Son objectif : promouvoir les bénéfices à court, moyen et long terme de la rénovation énergétique et thermique des logements. Or ces bénéfices sont multiples : baisse des consommations, réduction de la dépendance énergétique, confort accru, diminution de la précarité énergétique, stimulation de l’activité économique et de l’emploi, sans compter un impact très positif sur l’environnement.
par Groupement du Mur Manteau 3 février 2025
En ce début d’année, les projections des divers acteurs du bâtiment pour les douze prochains mois sont pour le moins divergentes : tandis que la FFB persiste dans l’alarme rouge, l’ANAH annonce un haut niveau d’ambition. Entre ces deux extrêmes, un large éventail d’opinions et de prévisions vont du pessimisme relatif à l’optimisme modér é. Parmi les grands acteurs industriels de la filière, le dirigeant de Saint-Gobain, Benoît Bazin, anticipe une baisse d’activité dans le neuf qui persistera au moins jusqu’au second semestre de l’année 2025 : « Le marché n’a pas encore touché son point bas ». Ce constat semble corroboré par les prévisons de la FFB, puisqu’elle considère qu’après un recul qui a fait chuter les mises en chantier jusqu’au point bas historique de 250 000 – il nous ramène à 1953 et 1954 – le recul porterait ce chiffre à 240 000 seulement en 2025. À cela pourrait s’ajouter une chute des permis de construire de 15 % sur cette même période ; l’impact négatif différé de ce chiffre affecterait à son tour le marché en 2026… Sur le segment de la réhabilitation, certains analystes détectent de signaux positifs, même si le contexte est difficile. Alain Tourdjman, Directeur Études et Prospectives chez Paris Pro Diags prévoit un redémarrage « lent et sans éclat ». Pour éviter d’ajouter des contraintes dissuasives, susceptibles de ralentir encore le processus, les ‘passoires thermiques’ présumées F ou G resteront non seulement dispensées de DPE en tant que prérequis pour l’attribution d’une prime, mais encore de l’obligation d’un parcours accompagné. Elles seront éligibles au ‘parcours décarboné’ ( = rénovation par geste) jusqu’à fin decembre 2025 – selon les termes du décret nº 2024-1143 du 4.12.2024. Sur le plan global, c’est la FFB qui se montre – à tort ou à raison – la plus alarmiste. Lors de la conférence de presse du 17.12.2024, qui marquait la clôture de l’année, le Président, Olivier Salleron, estimait à 6,6 % le repli du secteur de la construction en 2024 et prévoyait un chute de 14 % pour 2025, « …si rien n’est fait le mois prochain » ; or, vu la situation politique actuelle, cette exhortation ne sera pas nécessairement suivie d’effet. Pour assombrir encore le tableau, la FFB prévoit, dans le pire des cas, la disparition de 100 000 emplois dans les 12 mois à venir. L’ANAH, à l’inverse, annonçait en décembre « Une dynamique de fond en faveur de la rénovation », soutenue par « la stabilité réglementaire et budgétaire » qui prévaudra en 2025. Le budget d’intervention, en hausse de 600 millions d’euros, financera, selon les projections de l’agence, 100 000 rénovations d’ampleur et 250 000 gestes de rénovation sur l’année 2025. Pour en savoir plus sur les différents programmes susceptibles de dynamise – à des degrés divers – le marché en 2025, téléchargez le panorama complet des aides en cliquant sur le lien ci-dessous.
par Groupement du Mur Manteau 4 janvier 2025
Présenté le 10 octobre dernier, le Projet de Loi de Finance pour l’année à venir s’inscrit dans le sillage de la Déclaration de Politique Générale faite le 1 er octobre par le Premier Ministre, Michel Barnier. Les restrictions budgétaires sont à l’ordre du jour, et elles n’épargnent pas la transition écologique. Au-delà d’un consensus – au moins de façade – sur sa nécessité et son urgence, la transition écologique voit se réduire les investissements qu’elle exige, et cela touche notamment le dispositif MaPrimeRénov’. Le gouvernement Barnier veut « … poursuivre la transition écologique » en annonçant conjointement un « recalibrage des aides ». L’euphémisme ne trompe personne : il ’agit de diminuer les dépenses pour parvenir à raboter globalement 1,9 milliards d’euros sur l’enveloppe consacrée aux actions écologiques. Pour MaPrimeRénov’, l’exercice consiste à sanctuariser pour 2025 la réduction déjà opérée en début d’année 2024 par le gouvernement Attal, et qui se montait à 1 milliard d’euros. Cette réduction sera donc reconduite en 2025, alors que le parc immobilier continue de compter plus de 5 millions de passoires thermiques ! Toutes les parties prenantes s’accordent sur l’urgence de leur éradication, mais la distance entre les paroles et les actes reste indéniable. Christian Béchu, l’ancien ministre de la Transition Écologique, soulignait récemment : « Le problème en matière d’écologie, c’est qu’on ne parle jamais du coût de l’inaction ». L’enveloppe consacrée en 2025 à MaPrimeRénov’ se limitera donc à 2,3 milliards d’euros. Parmi les raisons invoquées : la sous-utilisation des crédits disponibles en 2024. Certains acteurs du marché soulignent cependant que ce n’est pas nécessairement par manque d’intérêt, mais plutôt par suite de la complexité du dispositif, qui peut rebuter les ménages éligibles, et d’une pénurie relative d’artisans RGE, seuls habilités à effectuer les travaux sous conditions d’éligibilité. La rénovation des logements sociaux fait également les frais des restrictions annoncées, en dépit d’un engagement pris en 2023 avec l’Union Sociale pour l’Habitat (USH). Il prévoyait jusqu’en 2026 une enveloppe annuelle de 400 millions d’Euros pour rénover les immeubles collectifs les plus déperditifs sur le plan thermique. Cette enveloppe ne sera pas, a priori, reconduite en 2025.
par Groupement du Mur Manteau 5 novembre 2024
Le Pacte Vert pour l’Europe a défini des objectifs ambitieux en matìère de développement durable et de transition énergétique. Dans la démarche qui sous-tend l’Agenda stratégique 2024-2029 de l’Union Européenne, la performance thermique des bâtiments joue un rôle crucial, en particulier pour ceux d’entre eux qui sont les plus déperditifs – les fameuses ‘passoires thermiques’. Au-delà de la France, où leur proportion au sein du parc immobilier continue de peser sur la situation globale dans le secteur de l’habitat, elles restent nombreuses partout en Europe. Préoccupée par une approche qui manque de vigueur et parfois de logique à l’échelon européen, l’Association Européeenne des ETICS (EAE) – dont le Mur Manteau est membre – a récemment interpellé les instances européennes dans une lettre ouverte. Celle-ci est adressée à Ditte Juul Jørgensen, Directeur Général de l’Énergie et aux autres principaux responsables de la politique énergétique et environnementale au niveau de l’UE. La lettre ouverte insiste en particulier sur les aspects les plus cruciaux de la démarche à adopter et sur les déficits les plus marquants de la démarche mise en œuvre actuellement : Le potentiel d’amélioration de la performance thermique des immeubles les plus déperditifs – résidentiels ou non – en fait l’un des leviers les plus puissants pour atteindre les objectifs du Pacte Vert. Il est essentiel de respecter l’ordre le plus rationnel dans les mesures à prendre. Cela conduit logiquement à donner la priorité au traitement de l’enveloppe. Le séquencement adéquat des opérations, en commençant par accroître la performance énergétique de l’enveloppe, contribuera à soulager les infrastructures et à flexibiliser l’approvisionnement en énergie. La transition vers des sources d’énergie renouvelables profitera directement des efforts consacrés à l’enveloppe des bâtiments. Libérer une proportion plus importante d’énergies renouvelables pour des usages intensifs, notamment industriels, facilitera la décarbonation globale en offrant des sources d’approvisonnement plus stables et plus compétitives. La lettre insiste en conclusion sur la nécessité de mener de front l’amélioration de la performance énergétique et le passage à des sources d’énergie renouvelables pour concilier compétitivité au niveau européen, indépendance énergétique et maintien du revenu discrétionnaire des particuliers. Décevoir le grand public par des déficiences de coordination et de séquencement pourrait compromettre la transition énergétique en mettant en doute sa pertinence. C’est un risque qu’il s’agit évidemment d’éviter absolument.
par Groupeemnt du Mur Manteau 4 octobre 2024
Sept ans après l’incendie tragique de Grenfell Tower, à Londres – une tour de logements sociaux construite en 1972 et qui comptait 24 étages – la commission d’enquête placée sous la direction du juge Martin Moore-Bick a rendu ses conclusions, sous la forme d’un rapport de 1671 pages. Comme de nombreux immeubles de l’époque, au Royaume-Uni, en France et ailleurs en Europe, Grenfell Tower était à l’origine dépourvue de toute isolation thermique digne de ce nom. Dans le cadre d’une réhabilitation esthétique et énergétique menée entre 2012 et 2016, le bâtiment avait été doté d’une ITE sous bardage. Par conséquent, l’émoi causé par l’incendie chez les professionnels de l’Isolation Thermique par l’Extérieur a été considérable, et des voix s’étaient élevées, y compris en France, pour dénoncer le principe même d’une ITE sur les Immeubles de Grande Hauteur (IGH). Or le rapport, publié tout récemment, ne met aucunement en cause le principe de l’ITE en lui-même. C’est, en fait, une extraordinaire série de fausses économies, de malfaçons et de négligences, aggravées par des intervenants malhonnêtes opérant dans le cadre d’une réglementation coupablement permissive, qui a créé le conditions de la tragédie du 14 juin 2017. Le rapport souligne que le Building Research Establishment, l’instance en charge de la réglementation applicable «… est co-responsable », compte tenu d’un assouplissement jugé rétrospectivement excessif des dispositions applicables à la réhabilitation des immeubles collectifs dans la période considérée – par suite d’une frénésie de dérégulation de la part gouvernement conservateur de l’époque. Le rapport est également sévère à l’égard du cabinet d’architecture, Studio E : initialement, les architectes avaient préconisé un bardage en zinc, avant d’opter pour un revêtement en aluminium composite, moins onéreux, sans tenir compte du risque accru que posait ce matériau. Mais c’est à l’égard de l’entreprise genérale, Rydon, des sous-traitants et des fournisseurs que la critique est la plus explicite. Le rapport précise que les fournisseurs «… ont eu recours, délibérément et de façon répétée, à des stratégies destinées à manipuler les essais, à en offrir des interprétations biaisées et à diffuser des informations eronnées ». Le rapport considère ainsi que des isolants et des composants à proscrire absolument dans le cas d’un IGH ont été utilisé sciemment, au mépris de toute considération sur le danger qu’ils posaient. Enfin, le bailleur social a été directement mis en cause, pour avoir exigé de l’entreprise générale des économies excessives ; elles ont contribué à l’utilisation de matériaux inadaptés et au recours à des intervenants incompétents. Rappellons qu’en France, la réglementation incendie applicable à la réhabilitation en ITE d’Immeubles de Moyenne et de Grande Hauteur (IMH et IGH) est particulièrement stricte, et cela de longue date : Pour les IMH (hauteur comprise entre 28 et 50 m, selon le décret n° 2019-461 du 16 mai 2019), l’Arrêté du 7.8.2019 modifiant l’Arrêté du 31.1.1986 impose le recours à des isolants d’Euroclasse A2-s3, d0 (laine minérale ou laine de verre) Pour le IGH (hauteur excédant 50 m, soit la catégorie à laquelle appartenait la Grenfell Tower, haute de 67 m), l’Arrêté du 30.12.2011 impose le recours à des isolants d’Euroclasse A2-s3, d0. De plus, un visa de façade délivré par le laboratoire Efectis ou par le CSTB est obligatoire. 
par Groupement du Mur Manteau 9 septembre 2024
Publié le 15 juillet 2024 au Journal Officiel, un nouveau décret vient préciser les orientations de MaPrimeRénov’ pour l’année 2025. Il reflète l’urgence de dynamiser la rénovation énergétique des logements les plus déperditifs du parc immobilier français, et de privilégier des interventions substantielles – seules à même d’apporter des améliorations significatives. L’accent est mis sur le parcours accompagné, privilégié parce qu’il est fondé sur une interaction – à tous les stades du projet – . entre le ménage bénéficiaire et un professionnel dont l’aide sera précieuse pour naviguer à travers les démarches, les possibilités d’aides et les obligations, notamment techniques et financières, qui régissent l’éligibilité. Tout d’abord, à partir du 1.1.2025, les passoires thermiques classées F et G seront exclusivement éligibles à un parcours accompagné centré sur une opération d’ampleur, à l’inverse des opérations monogeste possibles par le passé. Deux gestes seront indispensables et l’objectif de l’opération est un gain d’au moins deux classes de performance sur l’échelle du DPE. Ensuite, les taux d’écrêtement seront aménagés pour augmenter le montant total des aides effectivement perçues. Sur le principe, l’écrêtement continuera de s’appliquer pour plafonner le taux de prise en charge des travaux lorsqu’un ménage bénéficie d’aides complémentaires (par exemple celles de l’Anah) Pour les ménages aux revenus très modestes, le dispositif est inchangé : le taux demeure fixé 100 % – et donc l’intégralité du montant des travaux est éligible, comme c’était déjà le cas. En revanche, pour les autres catégories, le taux augmente de façon significative, réduisant ainsi le reste à charge pour encourager les rénovations énergétiques ambitieuses : Les ménages modestes rejoignent les ménages très modestes, avec un taux revalorisé à 100 %, soit un bond de 20 points. Les ménages à revenus intermédiaires voient le taux applicable passer de 60 à 80 %, soit également un bond de 20 points. Les ménages à revenus supérieurs auront eux aussi droit à une revalorisation du taux, qui passe de 40 à 50 %. Pour finir, les nouvelles dispositions applicables en 2025 permettront désormais de cumuler MaPrimeRénov’ avec un PTZ (Prêt à Taux Zéro), pour offrir une incitation spupplémentaire. 
par Groupement du Mur Manteau 5 août 2024
Le 28.6.2024, le Ministère de la Transition écologique a dévoilé des chiffres alarmants : la délivrance des permis de construire pour des habitations individuelles – maisons et projets de lotissements – a atteint, sur les 12 derniers mois, le niveau le plus bas depuis la mise en place de la statistique correspondante, il y a près de 25 ans. En baisse de 18,4 %, le total dépasse tout juste 127 000 permis. Parallèlement, l’ensemble des permis de construire délivrés pour tous les types de logements confondus a baissé lui aussi : avec 353 800 permis, il est en baisse de 15,5 % par rapport à 2022-2023. Il faut remonter trente ans en arrière pour retrouver un chiffre aussi faible. Les causes sont multiples : taux d’interêt des emprunts en hausse sensible, mesures de soutien et aides gouvernementales en diminution, renchérissement des matériaux et des prix de l’énergie suite à la pandémie et au conflit russo-ukrainien. Certains acteurs considèrent également que le passage à des normes énergétiques et environnementales de plus en plus strictes grève les coûts de construction – ce qui est possible, mais procède d’une démarche louable, voire incontournable, réduira les coûts globaux à moyen et à long terme et génère une véritable plus-value patrimoniale. Tout juste avant les élections, l’AIMCC (Association française des Industries de Matériaux et Composants de Construction) s’est fait l’écho des préoccupations de la profession, en lançant un appel aux nouveaux élus pour dynamiser la construction et la rénovation du parc immobilier français. L’AIMCC appelle les députés à définir dès que possible Un plan de mise à disposition de logements à tous les niveaux – constructions neuves, des réhabilitations de logements vacants et des reconversions d’immeubles tertiaires inoccupés. Une stratégie pluriannuelle de rénovation énergétique des bâtiments, cohérente avec les objectifs climatiques du pays, accompagnée d’incitations financières efficaces, pour encourager les collectivités territoriales à abonder les aides de l’État. Un renforcement du soutien aux investissements industriels pour la décarbonation, avec la mise à disposition d’énergies décarbonées à prix compétitifs ainsi que des infrastructures et d’un cadre réglementaire pour la capture, le transport, le stockage et la réutilisation du carbone. Ces mesures, selon L’AIMCC, amélioreront le pouvoir d’achat des Français, créeront plus de 250 000 emplois et économiseront l’équivalent de l’énergie électrique produite par 65 réacteurs nucléaires. Il ne reste plus qu’à espérer que, dans une nouvelle configuration tripartite largement inédite, l’Assemblée Nationale saura adopter sans trop tarder les priorités requises…
par Groupement du Mur Manteau 10 juillet 2024
L’EAE – l’Association Européenne des ETICS – dont le Mur Manteau est membre de longue date, vient de publier son nouveau Guide 2024 sur la situation et les perspectives en matière d’Isolation thermique par l’extérieur, de performance énergétique des bâtiments et de développement durable. L’EAE fédère au niveau européen l’action des groupements nationaux d’industriels et des acteurs de l’Isolation Thermique par l’Extérieur. L’association regroupe 12 entités sectorielles représentant chacune un pays européen ainsi qu’un nombre important d’industriels majeurs et d’institutions associées. Au-delà de l’Europe, elle est en contact avec des organismes dont les actions rejoignent les siennes aux quatre coins du monde – y compris l’Association chinoise pour l’Efficacité énergétique des bâtiments (CABEE) et le groupement japonais de l’ITE (JATI). Le rôle de l’EAE est particulièrement important au niveau de l’Union Européenne. À Bruxelles et Strasbourg, elle conjugue une action de promotion institutionnelle et de lobbying avec un rôle d’expert sectoriel.
par Groupement du Mur Manteau 4 juin 2024
Le 24 avril 2024, pas moins de quatre ministres annonçaient à Bercy des mesures de simplification qui, pour part, devraient avoir des répercussions positives dans la filière de la rénovation énergétique : Bruno Le Maire (Économie et Finances), Stanislas Guérini (Transformation et Fonction publique), Roland Lescure (Industrie et Énergie) et Olivia Grégoire (Entreprises) ont abordé notamment deux thématiques qui préoccupent depuis quelques temps déjà les acteurs du bâtiment et leurs représentants – en particulier la CAPEB. RGE : des procédures simplifiées Le label RGE (Reconnu Garant de l’Environnement), lancé en fanfare en 2011 et présenté à l’époque comme une avancée majeure dans la fiabilisation des travaux de rénovation énergétique, s’est essoufflé. Alors que 65 000 entreprises françaises étaient certifiées RGE en 2022, leur nombre est tombé à 61 000 en 2024 – un recul de 6,5 % au moment même où la rénovation énergétique est plus que jamais une priorité de la Stratégie Bas-Carbone et de l’amélioration de la qualité de vie. Comme le précise le site du Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires, « Le label RGE permet d’assurer l’éco-conditionnalité des aides à la rénovation énergétique. En effet, le label RGE est délivré uniquement pour les travaux de rénovation énergétique les plus efficaces, et aux prestataires qui réalisent des travaux de qualité. Il assure ainsi que les aides financières soient orientées vers des travaux qui permettent réellement d’améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments ». En tant que tel et outre la garantie de qualité présumée, l’appel à un professionnel labellisé est un passage obligé pour les particuliers et les entreprises qui veulent bénéficier des incitations financières disponibles – MaPrimeRenov’ , l’Eco-prêt à taux zéro ( Eco-PTZ ), les certificats d’économie d’énergie (CEE) ou encore le crédit d’impôt pour la rénovation énergétique des TPE-PME . Or de nombreuses PME et TPE du secteur perçoivent les formalités d’obtention du label RGE comme complexes, avec notamment des interactions touffues et multiples avec les organismes certificateurs. Par ailleurs, même le simple renouvellement du label exige les mêmes démarches que son obtention initiale. Désormais, les dossiers d’obtention seront dématérialisés, le renouvellement sera simplifié et un devis-type ‘Rénovation aidée’ guidera l’instruction des dossiers par les professionnels. GME : un dispositif plus accessible pour une efficacité accrue Avec les GME (Groupement Momentané d’Entreprises), il s’agissait de fédérer temporairement les compétences complémentaires de diverses entreprises artisanales au sein d’une structure d’intervention ad hoc . L’idée : faciliter les travaux ambitieux, y compris en rénovation énergétique. Mais le dispositif se heurtait à un obstacle de taille : la responsabilité solidaire des intervenants. D’une part, elle était dissuasive pour les entreprises impliquées, de l’autre elle renchérissait potentiellement les primes d’assurance, avec une répercussion sur le prix facturé au client. Cette obligation est temporairement suspendue pour deux ans dans le cadre des marchés privés de rénovation énergétique d’une valeur globale inférieure à 100 000 euros. Pour les RGE comme pour les GME, la législation correspondante devrait entrer en vigueur avant la fin de l’année 2024.
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